vendredi 6 mai 2011

L'apprentissage.

bonjour Aurélien,



Ce commentaire à été laissé sur mon blog au sujet " Qui peut ouvrir un atelier de cordonnerie ", en même temps qu'un très gentil message privé sur ma boite mail.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2010/10/qui-peut-ouvrir-un-atelier-de.html

 " Bonjour, Prenez vous des apprentis, ou connaissez vous des patrons qui en cherchent?
J'ai 23 ans, et je désespères à en trouver un qui puisse me prendre en apprentissage..
Cordialement, Aurélien "

j'espère ne pas trahir de secret en répondant par ce petit message public et dire ce qu'un petit cordonnier pense sans savoir et cerner tous les tenants et les aboutissants de notre monde moderne, réglementé, enrégimenté, privé de liberté.

( Mon père n'était pas cordonnier.
Doué pour les études, mes parents voulaient que je les poursuive, ces foutues études.
A 11 ans j'ai choisi et commencé à faire ce métier, en même temps que j'allais à l'école.
Mais j'avais aussi compris qu'en dehors des années d'apprentissage, je serais toute ma vie, un être " libre ", sans patron,  personne ne m'a plus jamais commandé.
( bien qu'en ayant 100 000 patrons avec les clients, mais c'est pourtant une autre histoire )
Pourtant au milieu de mon apprentissage, celui ci était tellement difficile,  j'ai dit que certaines choses ne s'apprennent que dans la douleur et les larmes, c'était une triste réalité.
A cette époque pas besoin de contrat signé, une parole en faisait simplement office.
J'ai donc demandé à mon père, ce que lui seul pouvait faire " Mettre fin à ce contrat "
Mon père qui m'aimait plus que tout au monde, aurait pu par ( Amour ) accéder à mes désirs de caprices et de faiblesse, pas du tout
- ce métier me dit il, tu l'as choisi, personne ne t'as obligé à le faire, il faut que tu ailles jusqu'au bout. Ce bout était long et se comptait encore en années.
Cette petite leçon  d'autorité, mais surtout d'éducation et merveilleuse d'amour, cette décision a due être très difficile à prendre par mon père.
Elle m'a servie de nombreuses fois en exemples, mes enfants en connaissent les bienfaits. Certains parlerons de méfaits.
L'exemple le plus merveilleux est venu de mon fils aîné, au même âge que moi, dans un sport individuel, cette demande m'a été faite. Suivant l'exemple de mon père, mon fils peut s'exprimer depuis son enfance, dans sa passion, compétitions ou nous souffrions en l'accompagnant chaque dimanche, championnat de France, puis d'Europe, et  faire de cette passion, son métier.
Accessoirement, on ne sait jamais, je lui ai appris mon métier. Comme tous les autres également, il est capable de tenir un atelier de cordonnerie.

Revenons à nos moutons,
l'apprentissage et la transmission des connaissances et des savoirs, quel vaste et énorme problème !
Mes propos ne vont pas être critiques, ce sont plutôt des constatations, vous voudrez bien pardonner toutes les bêtises que je vais dire.

Les enfants ont travaillés ( on les à fait travailler ) en esclavage, très et trop tôt, 8 / 9 / 11 ans, ensuite d'une manière générale à 14 ans. C'est réellement à cet âge que j'ai commencé mon apprentissage.

Cet âge n'est pas une barrière d'argent, quel que soit le salaire, pas de famille à charge, les quelques centimes de l'heure que nous gagnions nous les donnions à nos parents qui nous nourrissaient, nous hébergeaient, nous habillaient.
Nous allions travailler à pied quatre fois par jours, pour un trajet de plusieurs kilomètres.
Nous devions être 10 mns avant l'embauche, en position de travail, et 10 mns après encore au tabouret.
C'était tout juste si ce n'était pas à nous de payer nos chers maîtres d'apprentissage pour ingérer leurs connaissances.
Les extrêmes sont toujours déplorables, le juste milieu idéal, difficile à réaliser, mais ces pratiques d'éducations, d'apprentissage, dures, faisaient des ouvriers hors pair.

Les temps changent, tout le monde doit aller à l'école longtemps, pour apprendre des choses que nos
modestes certificats d'études enrichissaient déjà.
Ma Mère avec son certificat d'études primaires passé à 12 ans, avait des connaissances supérieures par rapport à moi.

Pendant très longtemps trouver un apprenti, relevait de l'exploit. Notre petit métier de par
sa position de travail à l'époque, était souvent fait pour le handicap, cela permettait de faire en même temps ses chaussures orthopédiques, bien et à moindre coût. Cela n'arrive plus maintenant, mais j'ai vu de l'étonnement quelquefois sur ma stature normale.
http://tictac-cordonnier.blogspot.com/2011/03/position-de-travail-du-cordonnier-du.html

Maintenant c'est l'inverse, beaucoup de postulants pour apprendre la cordonnerie, ( cette demande en privé sur mon blog, est récurrente ) et pour notre beau métier  " BOTTIER ", Trop tard...
Un rêve de facilité peut être aussi, alors que c'est long et difficile.
Des sujets de foras nous montrent des réalisations trompeuses, mensongères, sans apprentissage, ou en  quelques semaines, ce que nous mettions 5 / 7 ans à apprendre, nous n'étions sans doute pas doués à l'époque pour ce métier.
Des " professionnels " ayant pignon sur rue depuis 10 ans et plus, me questionnent pour des problèmes basiques de réparations ?
Je suis allé dans des écoles spécialisées pour handicapé, pour trouver un apprenti, on m'a regardé sous toutes les coutures, soupçonné de toutes les mauvaises actions et toutes les vilenies.

Il y a un âge pour chaque étapes de la vie, pour apprendre, modelé un jeune garçon, un jeune homme, ou un homme c'est différent, ce n'est pas la même chose ( ceci est également de mise pour la gente féminine ) , ( j'ai eu à diriger une douzaine de jeunes femmes en atelier, désolé de dire que les hommes sont toujours des enfants de coeur, par rapport aux dames )
 Tout le monde n'est pas doué pour les études, ou ne veux pas l'être, certains aiment travailler de leurs mains, tous ces petits métiers autres q' intellectuels qui ne requièrent, ni cerveau, ni intelligence. Peut être un peu quand même cette intelligence de la main.
Faire un apprentissage et nourrir femme et enfants en même temps, n'est pas des plus facile.

le lieu aussi, l'atelier. des écoles pourraient être un palliatif, mais j'ai reçu tellement de stagiaires venir se perfectionner à l'atelier, en " partenariat " avec une école, pour ces formations de fin de contrat, qui avaient démonté, remonté une fois par jour, le même talon, la même semelle, pendant leurs deux mois de stage !
Quand le marmiton met sur la table de grandes maisons, en accompagnement, la sauce commandée par le chef, il faut qu'elle soit parfaite !
Quand le maître d'apprentissage livre un travail fait par son apprenti, c'est son travail qu'il livre !

Les temps ont encore changés, plus besoin de diplômes ? on s'apprend tout seul !
Les chambres de Métiers avaient la haute main chapeautée par les corporations,  leurs Présidents, leurs bureaux, sur l'obligation de diplômes pour l'ouverture d'un atelier de cordonnerie, de botterie.
Comme actuellement dans certaines activités et professions, un minimum de connaissances étaient obligatoires au service de la clientèle.
Dans les années qui viennent des milliers de fermetures d'ateliers, de cordonnerie ou d' autres activités artisanale sont à prévoir,qui va reprendre le " notre " flambeau ?

j'ai fait un sujet " La femme, mais surtout la compagne dans l'artisanat " Avec un autre
" histoire de famille "

Peut être moins maintenant, mais l'artisanat à souvent été une entreprise familiale. Certains ateliers performants travaillent en famille, deux trois personnes, c'est une obligation devant la quantité de réparations. Un seul salaire souvent pour tout ce beau monde. Autrement l'atelier ferme au bout de deux mois, si il faut rétribuer modestement chaque ouvriers, cherchez l'erreur.

Beaucoup d'artisans ne savent que se faire travailler. Accepter de livrer un travail qui ne correspond pas à ses attentes est choses impossibles, qu'il faut souvent accepter, ne pas regarder lorsque l'on devient employeur. j'ai trop souvent défait le mercredi, ce qu'un autre avait fait le mardi, pour rester travailler seul, en famille ou avec ses apprentis.
Voilà toutes ces inepties dites par un petit cordonnier, qui pense pourtant que c'est une triste réalité, l'apprentissage devrait être fait différemment

Hier avec mon fils je parlais de créer une école, une vraie, cela ne doit pas être le plus simple et le plus facile de nos jours devant tous les méandres des formalités.
L'état devrait  " réquisitionné " certains ouvriers, artisans, à la retraite pour transmettre, gracieusement, avec leurs plus grandes satisfactions, leurs connaissances.
Je regardais l'autre jour, une femme, elle restait la seule à parler son dialecte, une autre en broderie, la seule à savoir réaliser certaines merveilles artistiques, elles allaient disparaître avec leurs connaissances devenues uniques, sans qu'aucune mesure cohérente ne soient prises.

23 ans Aurélien c'est très jeune, vous m'en parliez en, MP, c'est pourtant un obstacle, j'aimerais avoir votre âge, mais ne pas vivre votre monde, il ne faut jamais céder au pessimiste, je ne suis pourtant que réaliste, foncer, ouvrir toutes les portes, si j'avais votre âge maintenant, je serais quand même Bottier.

Pour moi la démarche dans votre cas, internet est une choses parfois merveilleuse,
( Avec malheureusement l'ouverture sur le monde et l'enfermement au sein de la famille ).
Par ce biais contactez les artisans, la Fédération française des cordonniers et bottiers, les compagnons,
le compagnonnage, mettez une annonce sur le site du contrôle technique du cuir, l' AFPA, Etc...
les foras ou les sites d'amateurs de la chaussure.

Bonne chance, bon courage, très amicalement à vous.
Tictac

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